« Alors ? »
Elle avait demandé sans détacher son regard du sien, exhibant sa robe avec une certaine attitude qui démontrait qu’elle n’en était pas a son coup d’essai. En face, celui qui l’accompagnait semblait afficher un air autrement plus mitigé. Comme s’il n’avait pas réellement envie de se trouver là.  Il s’était détourné d’elle pour observer le reste des vêtements qui avaient été sorti sur le portique. C’était vrai qu’il était ordinairement quelqu’un avec qui il était plaisant de sortir, de s’amuser mais il était comme tout le monde : sa patience connaissait des limites.

Seulement les siennes étaient moins bien définies que la moyenne.
Il pouvait perdre toute contenance, céder a la frustration sans crier gare et de toute façon il n’était pas du genre a retenir ses émotion. Et franchement il était a deux doigts de la laisser en plan. Certes , occuper la fin de journée à faire les boutiques avaient été son idée. Mais il n’avait pas réellement prévu qu’il faudrait que les essayages durent autant de temps et surtout : qu’ils aient aussi peu de sens.  Il vantait souvent le libéralisme de son propre esprit qui pouvait accepter un mon nombre de choses toutes plus délirantes les unes que les autres, mais là c’était une question de bon sens.

Pire de bon goût.

« Ecoute, ma chérie, sans vouloir heurter ta sensibilité, ça ne va pas être possible. Ton visage n’est pas exceptionnel, tu n’es ni particulièrement drôle ou intelligente. La seule chose qui va assez bien chez toi, c’est ton corps. Alors dis moi pourquoi tu essaie de le cacher sous cette chose informe? » Il avait ronronné avec un sourire remplis d’une étrange politesse qui se mêlait a une joie qui était tout a fait déplacée alors que le visage de sa compagne se décomposait sous le choc.

Même la vendeuse qui s’occupait d’elle avait émit une sorte de glapissement sonore-particulièrement dérangeant- et semblait ne pas savoir ou regarder pour ne pas avoir à se mêler de cette situation. Et c’était tant mieux : Jay Baek détestait par dessus tout les gens qui se mêlaient de ses affaires quand il ne les avait pas invité a le faire.

« Et de toute façon cette couleur n’irai pas du tout avec ma cravate. » Il avait ajouté en jetant un coup d’œil à sa montre.Ajustant ses manches et ses cheveux après s’être scruté dans le miroir de pieds qui leur faisait face , il avait finalement tourné les talons. « Ne nous croisons pas ce soir, d’accord? » il avait conclut avant de passer la porte de la boutique pour retrouver l’air plus frais de la rue.

L’été s’était terminé et l’automne bien entamé apportait avec lui un temps qui lui était plus favorable et qui annonçait pour bientôt le retour de son bien aimé hiver. Il n’était jamais aussi bien qu’à cette époque de l’année. Jamais.

Le soleil avait presque disparu derrière l’horizon d’immeuble et nimbait la ville d’une lueur orangée tirant sur les violets, quoique atténué par la brume d’automne. Plus haut le ciel, sombre menaçait de ne laisser voir aucune étoile, même après que l’astre solaire ne se soit définitivement arraché à leur vue. Et c’était le genre de nuit qu’il préférait. Noire. Tellement profonde, tellement désespérée , les néons de l’urbanisation en ressortait d’autant plus et aussi, il s’y sentait comme dans une seconde peau.

Tournant à l’angle de la rue principale il s’était enfoncé dans des rues plus étroites, moins éclairées aussi ; c’était un choix. Il avait toujours préféré les lumières plus tamisées quand il pouvait le choisir.  Elle était relativement remplie pour un début de nuit, il n’y prêtait habituellement pas spécialement d’attention mais il venait de se faire bousculer par un autre homme , d’une stature assez similaire, qui l’avait doublé , jouant des épaules pour disparaître dans la foule un peu plus loin.

Il avait retenu un grognement.
Franchement , cette soirée ne faisait que commencer mais sincèrement toute sa bonne humeur s’était envolée avec ce qu’il restait des lueurs du jour. Ironiquement , c’était toujours quand il pensait que les choses ne pouvaient pas être pire qu’elle tendaient a s’aggraver.

tac!

Le bruit d’un corps étranger rencontrant son crâne lui avait en sus arraché un grondement de douleur et par réflexe il s’était figé dans son élan , caressant l’arrière de sa tête avec sa main gauche pour se soulager.

tac!

Encore. Levant les yeux au ciel il avait quand même pris le temps d’analyser la sitaution. Le brouhaha ambiant le rassurait relativement. Il ne manquait pas de matériel donc au cas ou les choses  continu-…

tac!

Excédé, l’asiatique avait fait volte face pour chercher des yeux celui qui avait eu le bon goût de terminer de ruiner sa soirée, son humeur et éventuellement : de tuer sa joie de vivre.

Ah, sérieusement.
Qu’est-ce qu’il avait fait au bon diable pour mériter ça. Son regard avait rencontré celui du supposé agresseur et dans la foulée, il s’était concentré sur sa voix mentale pour parvenir à attirer dans l’ensemble difforme de la masse qui les entourait deux candidats au poste de « garde du corps temporaire » et sans rémunération.

Il y avait toujours dans une foule deux ou trois personne qui n’avaient pas besoin de beaucoup de suggestion pour éveiller leur agressivité naturelle. Bien, maintenant qu’ils étaient proche de lui et qu’ils regardaient dans la même direction.

Il était en position de force.

Non ?
Peut-être.
On ne pouvait jamais savoir.
Au moins il aurai suffisamment de temps pour fuir si ça dérapait.

Et comment les choses auraient-elles pu bien tourner, sérieusement ?

« Je peux faire quelque chose pour toi? » le ton pouvait sembler amical mais la tension elle était palpable alors qu’il se dressait sur toute la hauteur de son mètre 83  et risquait même un pas en direction de son locuteur. « Tes parents ne t’on pas appris a parler, que tu te sente obliger d’employer des moyens aussi ...béotiens pour interpeller quelqu’un ? »

Il était plein de venin.
Et ça non plus il ne le cachais pas.

Il répondait.
Et pour dire quel non sens.

Honnêtement bien qu’il soit ouvertement quelqu’un de relativement sympathique en fonction de ses humeurs ou des circonstances, Jay Baek avait pour habitude de ne jamais rien attendre des autres. Ce n’était pas qu’il avait peur que ses espérances ne soient déçues – non , ça il s’y était habitué – mais plutôt que cela était accorder trop d’importances a des êtres qui n’avaient pas encore prouvés qu’ils en étaient dignes et sincèrement : il n’avait pas d’énergie pour cela.

Enfin, celui là semblait hors catégories.
Même en attendant rien il était surpris de son attitude. Se frottant toujours l’arrière de la tête pour faire passer la douleur due au choc, il le détaillait avec une fixité et une intensité qui avaient tout pour être gênante comme s’il pouvait lire quelque chose a l’intérieur de lui. Et c’était sans doutes le cas. D’une certaine façon. Ses sens étaient en alerte et bien qu’il ne soit pas foncièrement capable de dire pourquoi, il savait que quelque chose clochait chez ce type et qu’il serai de bon aloi de ne rien accepter de lui. Peut-être parce qu’il était un Astral et qu’il savait le poids que cela pouvait être d’être enchaîné a quelqu’un par le simple désir d’obtenir quelque chose, ou peut-être seulement par son éducation, Jay avait appris a ne rien désirer qu’il ne pouvait pas prendre de lui-même.

Rien.

Quel genre de personne avaient ce genre de réaction de toutes les façons ? Ils n’étaient certes pas humains. Ils n’avaient donc pas nécessairement les mêmes codes sociaux que ces derniers cependant dans ce genre situation, la logique, le sens commun, voulait que chacun réagisse de la même façon. S’épandre en plates excuses et surtout ranger au placard une quelconque arrogance quand on réalisait que la situation n’était pas à son avantage.

Avec une grimace il avait agité une main devant son visage. Comme pour chasser un insecte invisible mais particulièrement agaçant. Il était déjà fatigué de cette situation. Pourquoi est-ce qu’il devait la supporter de toute façon ? C’était tellement ridicule.

Pourquoi fallait-il qu’il ressemble a la personne qu’il recherchait ? Jay avait retenu un rire mauvais , sans joie. Est-ce que cet inconnu était en train d’essayer de détourner sa culpabilité sur lui ? Il était tombé sur le mauvais client. Rejeter les responsabilités c’était le travail de Jay après tout. C’était ce à quoi il était le meilleur sans doutes.

« Oh, Mon cher tu parle beaucoup pour dire bien peu de choses. Et encore une fois tu semble manquer des plus élémentaires bases de savoir vivre. »

Il avait ronronné en lui rendant son sourire plein de dents et en passant une main presque câline dans le dos d’un de ses nouveaux amis, entretenant par ce contact physique les flammes de sa rage sourde et interne. Sincèrement , ce type là était quelque chose aussi. Qu’est-ce qui pouvait bien justifier autant de brutalité dans un corps ? Qu’importe.

« Tu ne peux pas t’excuser toi même. Tu es sensé demander à être excusé. Que je le fasse ou non , en revanche cela n’appartient qu’à moi. Et ça n’en prend pas le chemin. »

Il avait fait un nouveau pas en direction de l’homme. Admirant sa peau qui semblait si sombre a coté de la pâleur crème de la sienne. Heureusement dans cette rue les lueurs des lampadaires empêchaient son corps de paraître trop « bleuté » et lui laissait encore la chance de cacher sa propre nature. Toutes fois, il était un Dusk. Il n’était jamais aussi bon, jamais aussi fort, jamais autant « lui » que lorsque toutes les lueurs du jours s’étaient évaporées et que la voûte céleste s’était noircie.

« M’offrir quelque chose ? Haha. Je ne crois pas, non. Je ne suis pas quelqu’un qui s’achète. »

Oh, c’était faux.
Il était corruptible.
Comme n’importe qui sur cette terre mais il savait quand il était bon de céder ou pas. Et clairement il pouvait dire que cette fois ce ne serai pas a son avantage. Il avait jeté un regard derrière son épaule un court instant pour voir les deux hommes qu’il tenait sous son emprise commencer a se bousculer l’un l’autre. Sa suggestion avait peut-être un peu trop attisé leur nature. Ils étaient prêt à se battre et avec n’importe qui.

« De mon point de vue voilà comment cela va se passer. Je vais laisser mes gorilles te tabasser pendant que je regarde pour apprécier la catharsis de cette violence indirecte, puis en suite je vais disparaître pour profiter de ma soirée. Ou alors ... » Il avait ronronné avec un air beaucoup trop joyeux pour ne pas être menaçant, se léchant la pulpe du pouce avec un air appréciateur, comme un carnassier ayant fleuré le goût de la viande. « Ou alors , pourquoi est-ce que tu ne me dirai pas en détails qui tu cherche et pourquoi ? Je dois à ce type une horrible rencontre et une très mauvaise soirée. Et Je ne sais pas si c’est parce que la nuit est sombre, noire, comme sans espoir : mais j’ai bien le goût de chasser pour m’amuser un peu. »

Allons bon.
Sa soirée était totalement fichue après tout.
Alors peut-être qu’il pourrait en faire quelque chose d’amusant.

Mec.
Ce qu’il ne fallait pas entendre.
C’est pourquoi il ne fréquentait que des personne dont il était sur de l’éducation. Il pouvait faire avec ce genre de comportement pendant un certain temps, mais sa patience avait des limites dangereusement indéfinies. Et cet homme qui qu’il pense être était en train de les mettre a rude épreuve. Fort bien. Jay Baek était au dessus de ces choses là, n’est-ce pas ? Il avait appris de ses erreurs après tout et il savait se maîtriser. Il était en contrôle, toujours scrupuleusement en contrôle dans ce genre de situations. Pour le moment en tout cas. Jusqu’à quand ? Il savait que dès l’instant ou il aurai lâché cet homme des yeux sa vendetta pourrai commencer. Alors il était bon de maintenir un semblant d’intérêt pour lui. Actuellement , il était tellement irrité qu’il ne savait pas jusqu’où ses représailles pourraient aller. Ses capacités n’étaient pas illimitées, mais sa rancune elle oui. Et il pouvait assurément passer des années entières, des siècles entiers à s’acharner sur l’objet de son mépris. Et le ciel savait qu’il pouvait être mauvais.

Il n’avait jamais été discipliné pour ne pas l’être.
Même si la justice de l’époque avait tenté de le remettre sur un droit chemin, son père n’avait rien fait pour qu’il change par la suite. Et Jay appartenait à l’espèce qui avait déclenché plus d’une guerre. Par orgueil, et sans doutes, comme s’était son cas : par amusement. Oh, c’était tout a fait le genre de chose qu’il aurai pu être tenté de faire. Influencer les pensées et les humeurs de quelqu’un jusqu’à la rupture diplomatique. Son regard sombre s’était voilé d’amusement a cette idée pendant un court instant avant de revenir a la réalité et aux mots de son vis-à-vis.

«  Est-ce que je cause « bien », ou plutôt que tu parles mal ? Et bien ce n’est pas de ma faute si je n’ai aucun attrait pour la vulgarité, cher, très cher Monsieur Loman. »

Il avait soufflé , faisant rouler son nom sur sa langue. Avec détachement. Lentement. Comment souvent, comme presque toujours , il ne pouvait pas expliquer comment il savait ses choses. C’était une capacité passive que de savoir. Savoir. Cette forme d’omniscience, incomplète était en elle même assez dérangeante et alors qu’il était en fait il en avait usé plus que nécessaire. Il ne pouvait nier qu’il continuait de le faire. En général les gens étaient plus enclins a obéir quand ils avaient peur de ce que vous pouviez apprendre sur eux. Et c’était une bonne façon de ne pas avoir a user de Suggestion. Certaines personnes étaient imperméables a ce pouvoir, mais qui pouvait faire quelque chose contre le fait qu’il « Savait ».

L’autre ; Loman. Salih semblait s’être encore emballé et il n’avait pas caché une grimace de dégoût franc en l’écoutant. Pourquoi les gens se sentaient obligés de manquer à ce point de distinction... ? C’était même pire que cela, se figuraient-ils que cela prêtait à leur supputée gloire une once de plus-value ? C’était tout l’inverse. Personne n’avait envie d’écouter quelqu’un qui ne savait pas s’exprimer convenablement. S’ils vivaient dans un monde comme celui là, c’était assurément parce qu’ils avaient eux même un certain attrait pour une forme d’élitisme et elle allait de paire avec une forme de maintient de son image, ou d’un certain standard de vocabulaire. Parler correctement aidait notamment a développer une pensée complexe. Ça vous évitait d’utiliser des mots aussi triviaux que « merdeux », entre autre exemple.

« Bas-toi où pas, je ne m'en soucie pas. Ah! cette langue ! Tellement sale. Vraiment , ce soir je semble attirer les gens de ton espèce. Et c'est déplaisant. »

Le mot était faible.
Déplaisant. Ne suffisait pas traduire la plus petite part de l’irritation qui l’habitait a cette heure si. Un merdeux ? Il n’était pas celui qui se sentait obliger d’insulter l’autre sans y mettre les formes. Il n’était pas ici, celui qui surestimait sa chance. Il n’avait même pas relevé le fait que l’autre partait du principe qu’il était sous-estimé.

« Alors que tu n’a même pas encore demander correctement pardon ...tu devrai au moins demander poliment pour cette aide ...Ah, laissons tomber pour cette fois. Je devrai savoir juger le genre de personnalité que j’ai sous les yeux.. »

Il avait continué ronronnant , toujours sous tension. Portant une main a son menton il l’avait gratté , sondant encore son locuteur. Il avait fait le tour de ce dernier, comme un fauve qui s’apprête a croquer une proie particulièrement appétissante. Ou qui n’a pas encore décider s’il allait seulement jouer avec et non pas le dévorer vivant.

«  Tu devrai essayer de donner une description plus vague, je ne suis pas mauvais dans ce que je fais mais je fait pas de miracles. » d’une voix traînante, ses yeux s’étaient portés sur la foule qui s’échauffait toujours autour d’eux. «  est-ce qu’il était asiatique ? Caucasien ? Cette personne, je vais avoir besoin d’au moins un nom ou d’un détail plus précis si tu veux que je te dise ou elle se cache. Te dire ou elle se cache, ou elle se rend, m'assurer que quelqu'un le trouve et te le ramène, et même si j'ai de la veine ce soir : te dire ou se situent ses points faibles. Un petit frère, une mère ...ce monde est remplis d'opportunités. »

Le plus important restait encore de réussir à faire cela sans avoir recours a ce qui faisait des Astraux des créatures plutôt célèbres. Exhausser un vœux. C’était hors de question.

Il n’était pas un putain de génie.
Et il n’accomplissait jamais rien de miraculeux.

Jamais.

Jay n’avait pas été élevé pour accepter facilement les différences de niveaux social. S’il tendait à croire que n’importe quelle créature en valait une autre, il était clair qu’il avait plus de mal avec le manque de standing.  Dans la plupart des cas il faisait avec. Ce n’était pas parce qu’il avait grandi dans l’or et la lumière qu’il ne pouvait pas tolérer un certain nombre d’écart pour le plaisir de l’exotisme, par exemple.  Mais tout avait ses limites. Fermant les yeux un court instant, revenant à son point de départ, après l’avoir scruté : il avait fouillé dans ses poches pour sortir son paquet de cigarette et  s’en allumer une.

Il ne pouvait pas croire qu’il perdait son temps ici.
Cela dit il ne pouvait pas dire qu’il n’y trouvait pas son compte, il aimait bousculer la routine , écraser ses propres habitudes. Et cette situation malgré l’ennui latent qu’elle soulevait , attisait, apportait sa dose d’adrénaline et Jay avait toujours aimé vivre sur la corde. À ce stade il ne se souciait plus réellement de savoir si les choses allaient réellement déraper ou non, de s’ils finiraient par en arriver aux mains ou pas. Non, il appréciait de plus en plus visiblement cette forme de tension entre eux.  En fait ç’aurai été presque mieux que tout cela explose une bonne fois pour toutes.  

Un ricanement sombre lui avait échappé à ses mots.
Lui couper la langue hein ? Il aurai bien aimé dire qu’on ne lui avait jamais faite mais il avait l’habitude d’utiliser cette dernière pour attaquer les autres. Elle était agile cette langue. Elle savait quoi dire et souvent elle savait comment le dire pour provoquer tout un tas de situations.

« Seigneur Dieu, nous sommes sauvés. En vérité il sait s’exprimer. »

Encore une fois.
Il ne comprenait pas l’intérêt de descendre volontairement son niveau de langage dans une situation qui ne s’y prêtait pas.  Il pouvait pardonner l’ignorance que causait le manque d’éducation. Mais certainement pas que l’on s’échine à se donner un air moins éduqué qu’on ne l’était. L’éducation était la quintessence de tout, c’était elle le moteur de l’émancipation sociale, économique, elle était la raison pour laquelle tant et tant s’étaient battus. Dans ce pays encore le manque de cette dernière était au cœur de drames sociaux et familiaux , alors pourquoi est-ce quelqu’un , qui qu’il fut aurai eu l’envie de s’en défaire ?

Il ne comprenait pas.
Il ne voulait pas comprendre et de toute façon : ça ne ferai certainement pas avancer ses affaires. Expirant lentement la fumée par le nez il avait reporter son attention sur son vis-à-vis. Un sourire tordu avait redressé le coté gauche de ses lèvres. Avant qu’il ne reprenne une latte.

«  Voilà qui tombe étrangement à propos en vérité. Je n’avais pas prévu de me rendre à ce genre d’éventements mais voois-tu , je vois bien le plaisir et l’acharnement que tu met à sauvagement assassiner ma patience et ma joie de vivre. »

Avait-il répondu avec esprit a sa pique, portant par la même occasion sa main droite a sa cravate pour la desserrer légèrement alors qu’il se concentrait sur la description qu’il venait de lui faire de la personne qu’il cherchait. Josse. Joyce. Caucasien , plutôt le même gabarit que lui.  Il avait marqué une pause de plusieurs secondes  et finalement pris sa cigarette pour l’écraser sous sa chaussure se penchant une nouvelle fois en direction de Salih. Soufflant lentement la fumée contenue dans ses poumons.

« Et si je peux ?  Que feras-tu ? Qu’aimerais-tu que nous fassions? »

Il avait ronronné visiblement de plus en plus intéressé a cette idée. Il s’était redressé et avait tourné sur ses talons pour montrer une direction pour moins vague en ces circonstances.

« Josselin Quincey. Je ne peux pas te dire ou il est en ce moment , toutefois ... » Il avait marqué un temps d’arrêt.  Et plissé les yeux , le regard légèrement troublé , agité comme s’il suivait des yeux quelque chose d’invisible avant de tourner le visage vers le dealer. « Je sais ou il se rend et je peux t’y conduire avant qu’il n’y parvienne.  Que devrait-on faire ? Hm? »

« On parle de moi, mais finalement : tu es toi même d’une insupportable suffisance. Être à ce point certain de parvenir à me toucher. »

Jay ne niait pas que c’était possible. Honnêtement il savait se battre, bien qu’il n’éprouvait aucun plaisir à le faire. Non c’était vulgaire.  il n’était pas du genre à aimer se salir les mains. Il ne l’avait jamais été. Certains disaient que c’était la nature inhérente des Astraux : ils étaient retors. Et à ce sujet il fallait bien dire que le coréen était un parfait exemple de cette tendance. Depuis sa plus tendre enfance il avait toujours eu le goût de pousser les autres à se salir les mains à sa place. En grandissant , on ne pouvait pas prétendre que cela s’était arrangé. Loin de là.  Il avait seulement appris à se faire plus discret.  Il avait appris à cacher sa nature et pour commencer ne disait jamais réellement en quoi consistaient ses pouvoirs, il en jouait , comme il jouait sur les mots.  Restant le plus vague possible.

Aussi il ne doutait pas du fait que Salih avait plus que certainement envie de lui en mettre une. Mais il était difficile de dire si oui ou non il en serai capable. Était-il sensible à la suggestion de son vis-à-vis ? Est-ce que Jay serai capable de l’en dissuader ? Est-ce qu’il pourrai l’empêcher de le faire ,mieux le convaincre qu’il n’en avait pas réellement envie ? Il l’avait déjà fait sur d’autres personnes mais le problème avec la suggestion c’est que quand elle était aussi ciblée , dans une situation pareille il était difficile d’être certain du résultat. Et du reste , il n’arrivait pas à « savoir » s’il y serai effectivement sensible ou non.

Enfin dans la pire des situations : il pouvait toujours prendre la fuite.  Son regard s’était vaguement porté sur sa montre pour consulter l’heure. C’est que tout cela prenait plus de temps que prévu et il avait à faire. Sur le plan professionnel et personnel. Quelle tristesse ce serai pour lui que de rentrer chez lui à l’aube seul. Non. Ce n’était pas son genre. En même temps il venait de s’embarquer quelque chose d’amusant.  Malgré le fait que son nouvel « ami » soit si mauvais compagnon pour ce genre de choses.

« Quand à me « Fourrer »... » Il avait commencé jouant clairement sur le mot et sur le double sens de ce dernier. «  Prend le comme tu veux mais tu n’es pas mon genre. Les hommes, je les préfère ...joli. »

il s’était léché les lèvres avec une certaine langueur, comme s’il pensait finalement à quelqu’un en particulier avant de faire un petit saut vers l’avant lui faisant signe de la tête pour faire sortir de cette rue trop exiguë et rejoindre la route principale  cherchant des yeux un taxi, cherchant son téléphone pour prévenir son staff de son retard alors qu’il arrêtait une voiture pour eux. Et faisait signe au fae d’entrer en premier il s’était penché vers le  chauffeur pour lui donner les direction au fur et à mesure. Il ne connaissait pas l’adresse précise mais il pouvait la deviner au fur et à mesure qu’ils s’en rapprochaient.

Enfin il les avait arrêter devant un immeuble que le temps n’avait pas épargné et tenant la porte au plus matte , il lui avait fait une manière de courbette.

«  Si Mon Seigneur veut bien me suivre. Ah...je suis presque excité. Comme si je n’avais pas fait cela depuis bien longtemps. »

Il babillait visiblement avançant vers l’escalier d’un pas sautillant, il les avait conduit en suite jusqu’au troisième et étage et devant une porte d’appartement. L’endroit ne payait pas de mine. Il n’avait pas pu retenir une grimace de dégoût, presque. Comme s’il avait pensé que cela pouvait lui porter préjudice que d’y rester trop longtemps.  Du bout de sa chaussure , il avait tapé contre le bois vieilli de la porte.

Elle avait été entrouverte par une jeune femme et il avait penché la tête pour la détailler alors qu’il lui offrait son sourire le plus dangereusement mauvais. Mais ses yeux noirs n’avaient pas quitté les siens une seule seconde.

« Ouvre. Là ...c’est bien. Gentille fille. » avait-il ronronné alors qu’elle s’exécutait méchaniquement. Jay était rentré dans l’appartement comme s’il était chez lui, d’une démarche souple, observant les lieux  sans la moindre pudeur avant de  s’approcher de la fenêtre qui donnait sur la rue pour observer un peu ce qu’il s’y passait.

Claquant sa langue contre son palais. Il avait fait un signe de tête pour inviter Salih à se rapprocher aussi et lui montrer un homme arriver à son tour proche de l’entrée de l’immeuble.  Quincey. Il semblait nerveux. Même à cette distance.

« C’est ton homme ? Est-ce que je devrai le faire monter rapidement ? Je veux dire on est chez sa sœur, mais il est encore possible qu’il revende ce qu’il t’as pris avant de monter si on ne le presse pas...Ma participation s’arrêtera là...cependant. »

En suite.
Il ne serai qu’un spectateur.
Si le spectacle en valait la peine.

«  Ah et ...au passage... » Fouillant la poche intérieure de sa veste de costume il lui avait tendu sa carte de visite. Sombre. Épurée. «  Je suis Jay. Et si tu peux corriger ton langage et ton apparence ...j’ai peut-être un travail pour toi. Mes clients, ne sont pas du genre à fuir, eux. Mais ils aiment le standing et la discretion. »

Eh bien quoi.
On obtenait jamais rien sans rien non ?
Et l’Hécate était un lieu ou se fréquentaient des gens vraiment fortunés et s’il en était dépravés.

Pour un peu et dans d’autre circonstances , ils auraient pu s’entendre. Il en avait la certitude. C’était presque du gâchis.  Penché sur le rebord de la fenêtre il avait grimacé quand il avait accepté sa proposition de faire monter la raison de leur venue en ces lieux . Le type était hors de porté, il ne pourrais sans doutes pas l’atteindre de façon efficace de cette façon  alors après s’être présenté il s’était rapprochée de la sœur qui semblait encore se demander quand et comment , et surtout pourquoi elle avait laissé entrer chez elle ces deux hommes qu’elle ne connaissait pas. Aucun des deux ne lui inspirait confiance, mais c’était sur elle qui avait joué et elle avait fini par sortir son téléphone pour inviter son frère à montrer.

Sagement.
Très sagement.
Jay aimait les personne obéissantes, en général, enfin il n’était pas contre un peu de résistance, ça avait tendance a rendre les choses intéressantes. Quand tout se déroulait toujours comme prévu, il s’ennuyait et honnêtement n’importe qui se serai lassé non ? Après avoir laissé sa carte à l’homme il avait étiré un sourire et sorti son paquet de cigarette, tout en jetant un regard à son téléphone.  Le nombre d’appel en absence lui laissa croire un moment que définitivement il allait avoir des ennuis en rentrant. Au moins il n’avait pas pris sa voiture pour se sauver cette fois : il était à peu près certain que Kenya ou Duke – un de ces deux là – avait mit un tracker GPS dessus. Il ne voyait pas comment ils pouvaient toujours le retrouver autrement.

Remarque quand il y pensait , peut-être qu’il avait froissé un ou deux gars dans la police et que ces crétins traquaient sa plaque pour le compte des Riley  depuis cette époque ? Beaucoup de gens l’avaient à l’œil , au moins autant de monde que de personne qui l’appréciaient et parfois même les deux en même temps. Pourquoi ? Jay était un exemple typique du biais dit d’ « autoselection » rien ne le prédestinait plus particulièrement à mener une vie aussi décousue et à l’extrême limite de la légalité, ou encore a agir régulièrement comme un malfrat. Il avait choisis d’emprunté cette voie tout seul et de son propre gré.

Parce que c’était amusant.
Il savait que son père faisait des choses tout à fait similaires, mais il n’en avait jamais été le témoin et quelque part il savait aussi que son père l’aurai tout autant soutenu s’il avait choisi d’être une personne plus conventionnelle. Mais que ce soit explicite ou non, que leurs actes soient tacites ou non, même enrobé de secrets, les membres d’une même famille avaient toujours eu une tendance manifeste à covarier et les Dusk ne faisaient pas exception. S’il en existait des meilleurs, des moins malicieux, de ceux qui prenaient plaisir à jouer les « génies hors-la-lampe » et qui jouait de leurs dons pour rentre ce monde meilleur , ne s’accordant qu’une petite de malice qui ne faisait jamais tout à fait de mal, les Baek, eux avaient toujours aimé être sur la ligne.

Ils cultivaient leur ambiguité.

Allumant sa cigarette il avait lancé son paquet à Salih avec un air détaché  et s’était appuyé contre le cadre de la fenêtre le détaillant avec interêt.

« Ce que tu pense en ce moment est inscrit sur ton visage.  Ça l’est toujours, mais c’est particulièrement visible. » Il avait plaisanté avec légèreté, comme si ce que le Fae s’apprêtait à faire , lui plaisait tellement qu’il en ressentait déjà une forme de soulagement.

Quand à son nom, il aurai bien dit qu’il « savait » mais s’était abstenu, se contentant de faire tomber ses cendres sur le sol de l’appartement , sans la moindre considération.

« Et pourquoi pas ? Pour gagner en notoriété, un Dealer à besoin d’un endroit ou se faire connaître. La rue ce n’est pas sur et surtout ça n’amène que des petits clients. Des gens peu surs  et pas toujours recommandable. Du genre à te supplier de leur faire crédit. » Il avait soulevé. « Alors que je contrôle ce qui se passe dans mon établissement, c’est propre, discret et ce sont des gens qui sont prêt à payer plus pour être sur que tu gardera le silence...et ils ne seraient pas capable de partir sans payer. »

Non, Jay n’était pas du genre à laisser partir les mauvais payeurs sans avoir pris une caution au moins. Enfin il ne pensait pas réellement a faire travailler Salih totalement gratuitement, il n’était pas généreux à ce point.

« Je prend 20 % des recettes cependant. Vois ça comme un loyer, tu fait cela et moi et mes employés on assure la sérénité et la sécurité de ton travail. C’est un genre de partenariat. La personne avec qui je fais affaire normalement à commit l’impair de me décevoir avec quelque chose de mauvaise qualité.  Et je n’aime pas qu’on essaie de se moquer de moi, il a donc besoin d’un remplaçant et moi d’un nouveau partenaire. »

Oui, une partenariat . C’était une façon d’être impliqué à plusieurs et de s’assurer que personne ne pourrai vendre les autres pour se protéger, ça encourageait la discrétion.  Il était sur le point d’ajouter quelque chose mais il s’était retenu quand  Josselin Quincey avait finalement passé le pas de la porte et que sa sœur avait mécaniquement verrouillé cette dernière.

Voilà qui devenait intéressant. Il pouvait sentir dans tous les pores de sa peau le désir de Salih de décarner cet individu et il ne pouvait pas lui en vouloir, Jay n’aurai pas été plus clément avec quelqu’un qui l’aurai volé.  Se hissant sur l’appui de fenêtre pour s’y asseoir il avait poussé un long soupire d’anticipation.

« Le dîné de  Monsieur est servi on dirai. » Il avait ricanné alors que leur future victime semblait chercher des yeux une issue.

« Qu’est-ce que ...comment  ...je..? »

Ah c’était l’éternelle question, comment ils avaient pu se retrouver ici ? Dans cet endroit que personne n’était sensé connaître et surtout pas son dealer, celui qu’il avait jugé bon de voler. Est-ce que c’était ce qu’on appelais une bonne décision ?

« Deux gentlemen très occupés ont fait tout ce chemin pour te rencontrer, tu pourrais au moins approcher et les saluer...Tu vois Cher Salih ? C’est ce que je disais : la politesse se perd. »