Tu es dans le couloir, à écouter à la radio ce qui se passe, l’avenir d’un pays étant décidé là, maintenant, à des milliers de kilomètre. Ton cœur bat à la chamade, tu l’entends cogner dans tes oreilles. Tu as la bouche sèche et tu essaie de te concentrer sur ce qu’ils disent. Tu traduits pour les gens autour de toi qui ne parlent pas anglais. Ton teint blêmi à mesure que tu entends ce qu’ils disent. Ils déchirent ton pays sans même savoir l’histoire, la culture, les vies qui existent.

La suite est aussi brutale que le début. Les frontières sont aussi vites dessinées qu’elles sont installées. Et ta maison se trouve du mauvais côté de la frontière. Celui du Pakistan. Mais tu n’es pas de cette culture. Tu n’es pas eux. Tu ne comprends pas comment ils ont pu te faire ça. Vous faire ça. Découper votre pays à la hache, sans tact, sans regarder. Juste parce que… ça faisait beau? Tu détestes ça. Tu détestes ce pays qui n’est plus le tien. Tu es décidée. Tu vas partir pour le pays de ton père, apporter ta famille avec toi. Oui. Là-bas, la vie sera plus belle. Et, avec un peu de temps, tu pourras faire de ce lointain pays, le tien…

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Le jour J approche. Plus qu’une semaine. Les visas sont prêts, les accommodations aussi. Tout est prêt pour le grand départ. Une nouvelle vie. Les batailles font rage à la frontière, mais tu es assez loin pour ne pas les craindre. Ou moins les craindre plutôt. Tu dois simplement te concentrer sur ce qui s’en vient. Tout va bien aller. Tout va bien aller. Tout… va… …bien.

Tu sens l’odeur avant de voir ou entendre quoique se soit. L’odeur de fumée et de chair brûlée. Puis tu entends des cris. Des voix de femmes terrorisées et des hurlements étouffés d’hommes. Tu fonces. Tu cours jusqu’à chez toi et vois l’horreur. Ta maison en flammes. Tes filles dans les mains d’inconnus et le cris de tes fils et époux à l’intérieur de la maison. Tu cris à ton tour, un cri de rage primal. Tu saisie une roche et fonce sur les inconnus, voulant sauver ta famille, voulant arrêter tout ça. Tu oublies ta propre vie. Tout ce qui compte, ses tes enfants, ton époux. Mais tu es seule contre tant d’hommes, tant d’adversaire.

-T’as du cran, femme. Gardez-la moi. Je vais m’occuper d’elle après ses filles.

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Ils pensent t’avoir brisé. Ils pensent que tu vas te laisser faire, te laisser te faire tuer. Non. Non. Non. Tu regardes tes filles en sang, ta maison en cendre, les hommes inconnus endormis. Tu n’as qu’une chance. Ils dorment tous. Tu peux saisir une de leur arme et les tuer. Tu regarde autour de toi et vois une hache. Tu te lèves silencieusement et t’en saisie. Lentement. Un à un. Tu les fais payer leurs crimes. Mais ils finissent par se réveiller, s’en prendre à toi. Tu te défends comme tu peux, tues comme tu peux, te démènes comme tu peux. Tu t’acharnes même quand ils essaient de te tuer. Tu continues encore et encore jusqu’à ce que tu sentes la morsure froide d’une lame sur ton cou et le flot chaud du sang sur ton torse. Puis tu t’écroules. La dernière image que tu vois, c’est celle de la hache rouge.  
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Tu es dans le couloir, assis sur une chaise, alors que le reste plancher bourdonne des employés qui travaillent pour arriver aux deadlines du jour. Tu restes de marbre alors que tous les autres bougent, s’activent, stressent, s’impatiente. Tu attends, sourire aux lèvres et les jambes croisées, comme si tu étais maître de la situation. Finalement, la porte du bureau s’ouvre, l’éditeur gueulant contre un jeune homme venu se faire interviewer.

-Ok. Sam Alasdair! T’es le suivant!
-Oui, monsieur.

Tu te lèves en replaçant ton pantalon d’un geste précis. L’éditeur te fixe de haut en bas, fixe ce qui doit être ton résumé, puis te regarde de nouveau.

-T’es Sam?
-Oui, monsieur. Sameera Alasdair. Un plaisir d’être ici.
-Ah! J’t’aime bien toi, t’as du cran. Viens dans mon bureau.